Le Manoir Pharmacien(nes) (aka Manoir Pornographe)

La pluie sur les murs

La table est toujours dressée

Puis l’odeur du temps

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Ce Manoir est assez connu, et je n’ai pu échapper à sa visite, il est à moins d’une heure de route de chez moi. Il semble avoir été abandonné en 2016 à la suite du décès de son dernier propriétaire, un certain Pierre, et tient son nom du fait que l’on y trouve un grand nombre de VHS de films porno (du Marc Dorcel principalement). Ce nom « officiel d’urbex » est discutable : Le Manoir Pornographe (j’ai vu aussi chez les vendeurs d’adresses une autre appellation moins gracieuse). Le Manoir Pharmacien(nes) me convient mieux, bien qu’il existe aussi un spot nommé Le Manoir du Pharmacien.

Je suis toujours à la recherche d’information sur l’histoire du lieu, mais les documents à l’intérieur montrent assez clairement que le père du dernier propriétaire était pharmacien dans cette petite ville. A l’époque où tout se faisait encore à la main, au fond de l’officine.

J’avais été mis en garde sur le fait qu’il avait été ouvert, fermé, réouvert et refermé de nombreuses fois, et que de ce fait, et vue le nombre de visites qu’il a « subi », ce lieu avait perdu de son charme. Clairement, ce n’est pas mon avis lors de la visite. Tellement pas, que 15 jours après la première visite, j’y retournais avec dokteur who. L’accueil par cet énigmatique chien de pierre plein de quiétude l’avait intrigué. Il fallait lui montrer de près.

J’ai aimé visiter ce lieu. Évidemment, les pièces principales sont toutes plus ou moins mises en scène, et comme souvent dans ce genre de cas, le désordre est « mis sous le tapis » (ou dans les placards, sous les meubles et les lits, dans les pièces annexes peu intéressantes, derrière les points de prises de vue …).

Trois niveaux à visiter, la demeure ne semble pas avoir été squattée (ou alors très bien rangée par la suite), aucun graffiti ne vient la dégrader et il reste une impressionnante quantité d’objets, de photographies personnelles, cartes postales et de documents (faire-part de condoléances du père du dernier propriétaire datant de 1946, lettre manuscrites des années 40, …). Cela indique une vie riche dans ce manoir. Une longue histoire familiale qui aujourd’hui s’est figée. Espérons qu’elle évoluera, en restant naturelle et que les habituels malveillants ne viendront pas y mettre leurs pattes et tout saccager.

Au premier niveau, « deux pièces cuisine » (avec grand couloir menant sur l’entrée principale). La cuisine est totalement retournée, le débarras proche de l’escalier remplit de tout et rien (il sert toujours de débarras aux explorateurs actuels). On entre par la fenêtre, et on se retrouve nez à nez avec cet angelot encore immaculé.

Au bout du couloir, la porte d’entrée principale, grande ouverte, donne sur la rue. C’est assez « propre » et l’on y trouve les premiers appareils audio : lecteur de cassette et radio. De part et d’autre, salle à manger et salon permettent de rentrer tout de suite dans le « vif » du sujet.

Montons au niveau supérieur, « trois chambres et salle-de-bain ».

La chambre principale est somptueuse (après avoir été rangée par les précédents explorateurs). Je me permets de remettre les escarpins en place. On y trouve un peu l’âme de cette bâtisse, de vieux courriers, des cartes postales, des placards remplis, des photos de famille de toutes les époques. Un vrai régal, énormément à y apprendre, mais je n’ose pas fouiller à outrance.

Au-dessus, ce sont les combles. Après y avoir tourné quelques temps, on remarque, enfin ce mur incroyable fait d’anciens tickets de transports. Chacun a été cloué, un par un, pour former cette fascinante mosaïque. En intérieur ou impériale, la Compagnie Générale des Omnibus a semble-t-il bien servi aux habitants de ce Manoir.

L’échiquier a bien monté les étages, du premier au dernier niveau; dans la vidéo qui m’a donné le premier indice pour localiser ce lieu, il était sur la table du petit salon (sous l’œil de Sylvia), avec toutes les pièces. Sa place aujourd’hui, au milieu de ce grenier lui convient bien.

Je tombe en admiration devant le classeur de « recettes de préparations pharmaceutiques » : gargarisme au chlorate de potassium, collyre huileux à l’ésérine, cérat de Galien … Tout est minutieusement manuscrit et répertorié. Les quantités, ainsi que les recettes. QSP, j’adore, c’est un peu comme un mantra, l’équivalent du CQFD.

Nous redescendons, jusqu’à la cave que je n’avais pas faite lors de ma première visite. L’ambiance n’y est pas particulièrement inquiétante, mais, le ploc – ploc de la fuite qui semble remplir son fond plaît à dokteur who. Il a raison. L’atmosphère de ce niveau vient bien de ce détail. En revanche, ce n’est pas très bon signe pour la bâtisse, elle ne va pas tenir sur ses pieds indéfiniment avec ce liquide qui la remplit et l’attaque par le bas.

Après deux heures de visite, nous repartons, tranquillement par là où nous sommes arrivés. Les bières que l’on avait (tous les deux !) pensé à amener resterons dans leurs bouteilles. On se contentera du café. La neige recouvre la route. Besoin d’attention sur le chemin du retour.

Je m’arrête tout de même après quelques minutes de route devant cette maison très facile d’accès que j’avais repérée lors de ma première venue. Je l’avais entre temps observée du ciel, et elle semblait en assez mauvais état, toiture totalement effondrée. Une fois sur place, c’est bel et bien confirmé. Mis à part les murs, il ne reste rien, tout est au sol, la toiture a totalement flambé. C’est le moment de rentrer.


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